Moi qui ne suis pourtant pas très doué pour ce genre d'exercice, j'ai vu arriver quasi tout le déroulement de l'épisode gros comme un camion à partir du moment où l'enquêtrice et sa machine ont été introduites. Qu'elle finisse évidemment par retrouver la mère de familler, que des images du meurtre allaient quand même apparaitre, qu'elle aller remonter jusqu'au mari, avoir un dilemne avec le gamin, et que le tout allait se finir en vérifiant ce qu'a vu le hamster. Du coup un peu déçu de ce côté là, mais j'ai trouvé l'épisode relativement correct même si pas forcément cohérant, et ca trainait parfois un peu en longueur. 

Malgré tout c'était pas mauvais en soit, mais c'est loin d'être le meilleur épisode

Un épisode que j’ai beaucoup plus aimé au revisionnage, étrangement !

Au début je trouvais ça prévisible, pas toujours très coérent, pas le mieux rythmé, pas super bien écrit, assez mal réalisé, et plus du potentiel gâché qu’une vraie bonne idée bien exécutée.

Et puis finalement, je trouve toujours qu'il y a toujours certes quelques incohérences ou points sur lesquels l’épisode aurait pu s’améliorer, mais j’en garde un souvenir vraiment excellent, ce qui colle finalement ironiquement au propos de l’épisode.

La construction de l'épisode reste extrêmement efficace. Cet épisode de 60 minutes en passe 40 à faire de l'exposition, ça peut paraître mal foutu, mais tu sens que la suite de péripéties (certes avec un peu de coïncidences) amène à un acte final qui s'annonce tragique, et qui l'est effectivement. La structure de l'épisode est assez intéressante, un jeu de piste à double-sens où l'enquêtrice remonte les événements depuis la fin, et où nous connaissons tout dès le début.

Le défaut, c’est qu’une fois qu'on a compris le gimmick, le déroulé principal de l’épisode est prévisible : du maître d'hôtel, à la voiture de l'enquêtrice qui "tousse un peu et peine à démarrer mais finalement démarre quand même une dernière fois pour aller vers la maison de sa future assassine - par contre bien sûr pour s'échapper de la dite maison, le moteur va lâcher" (un procédé que j’ai toujours trouvé un peu ridicule en fiction, et ici il n’était même pas nécessaire vu que les deux personnages prétendaient que rien ne clochait).

Le fait que ce soit prévisible rend le tout tragique et c'est un peu original dans Black Mirror, mais rend les deux premiers tiers plutôt convenus. En revanche, ça fait un superbe pay-off final. L’escalade de meurtres dans lequel la protagoniste s’engoufre, par choix de couvrir chaque mensong avec un autre, jusqu’au climax avec le fils dont la révélation de sa cessité est un vrai crève-coeur, avant de conclure par l’ironie finale sur le hamster, était une excellente phase finale.

Il y a pas mal de facilités, tout de même, mais nos personnages étant sous pression, leurs comportements pas adéquats ce n'est pas forcément une incohérence, ça peut juste relever de vrais mauvais choix.

La technologie est une de mes préférées de l’histoire de la série, et cet épisode lui fait honneur… oui et non. Le fait que l’image soit super nette, alors qu’on demande de se souvenir de parfaits inconnus, bon, pourquoi pas… Mais j'ai toujours cru aux technologies de la série parce qu'ils ne les expliquaient jamais en profondeur. Là entre la grosse boîte cathodique, la bière à souvenir, la musique qui donnent une image claire comme le jour d'une inconnue à la fenêtre...

Je suis peut-être biaisé car j’ai une assez mauvaise mémoire là-dessus, mais je pense que la réal aurait pu rendre beaucoup plus intéressant les plans souvenirs. Pourquoi ne pas représenter les souvenirs comme des flashs d'images entrecoupés ? C'est un peu comme ça que je m'imagine des souvenirs, pas des vidéos 60 fps ininterrompues...

L’avantage cela dit c’est que l’univers de la série a de la cohérence car on sait que les épisodes sont connectés. Or, tout cela rappelle fortement l’épisode de la saison 1 “The Entire History of You”, et l’interface de la tablette utilise par l’enquêtrice pour inspecter les souvenirs semblent d’ailleurs similaire, ce qui est un excellent lien pour crédibiliser cet épisode.

La technologie repose pourtant sur une excellente idée, pose plein de questionnements juridiques, technologiques, etc. mais j’aurais aimé encore plus que dans les autres épisodes, qu’il y ait plus d’idées dessus.

L'épisode commence tout de même à un moment à développer un truc sur la subjectivité des souvenirs. A nouveau, The Entire History of You l'avait déjà fait mais dans un contexte très restreint, privé, sur un couple, pas à l'échelle de la société, pour une enquête. C'était fascinant quand l'enquêtrice parlait de faire une "moyenne" de témoignages subjectifs pour déterminer une sentence objective basée sur les souvenirs. Ça questionne vraiment la place de la technologie dans les tribunaux et le système judiciaire. Est-ce une sorte d'apologie, ou bien de critique du détecteur de mensonge et de son évolution si un jour on peut lire les souvenirs ? La manipulation des souvenirs, aussi, est un super enjeu. Le passage où les souvenirs du dentiste d'une veste verte passe à une veste jaune est un de mes préférés, même s'il est tout simple.

C'est quand même super intéressant tout ça. L'épisode possède donc une thématique sur les souvenirs en or. Toute l'histoire en thriller est un prétexte, un bon prétexte vu qu'il donne lieu à une véritable descente aux enfers et un peu de questionnement de l'être humain (jusqu'où est-on prêt à aller pour défendre sa famille ? sa carrière ? son honneur ? etc.). Les personnages ne sont pas souvent la force de Black Mirror mais Mia est un personnage à la fois sympathique et antipathique, ce qui était plutôt bien vu.

Juste, cela aurait pu aller plus loin.

Pour résumé : idée brillante, exécution largement perfectible, mais un spectacle quand même assuré, malsain et jouissif à la fois.

Encore une réussite pour cette 4e saison de Black Mirror. La série est au top de sa forme et ça fait du bien. C'était beau, puissant, émouvant.

Je pense qu'on a toutefois définitivement perdu le charme des des premières saisons car on s'attend désormais à beaucoup de chose. Ici, tout était très convenu, sauf le dernier meurtre qui montre la profondeur de la chute du personnage principal...